Xénotransplantation : avancées majeures pour une solution prometteuse

Alors que la pénurie mondiale d’organes est un problème majeur de santé publique, la xénotransplantation pourrait être une solution prometteuse pour y remédier. Cette pratique qui consiste à transplanter un organe d’un donneur dont l’espèce biologique est différente de celle du receveur peut néanmoins être limitée par les barrières immunologiques inter-espèces.

La xénotransplantation pourrait répondre à la problématique du manque d’organes. (Crédit : Piron Guillaume/Unsplash)

Toutefois, dans une étude publiée le 18 août dans la revue The Lancet, une équipe de recherche “Approches multidimensionnelles en transplantation d’organe” d’Université Paris Cité, de l’Inserm et de l’AP-HP, dirigée par le professeur Alexandre Loupy à l’Institut de transplantation multi-organes et de médecine régénératrice de Paris, a pour la première fois élucidé les mécanismes en jeu dans la réponse immunitaire survenant après la greffe de reins de porcs génétiquement modifiés chez l’humain. Cette étude, menée en collaboration avec l’Institut NYU Langone Health aux États-Unis, a ainsi permis d’identifier des solutions thérapeutiques pour prévenir le rejet de l’organe greffé, détaille l’Inserm dans un communiqué de presse.

La médecine de précision pour mieux comprendre la xénotransplantation

« Nous avons réalisé une étude exhaustive des xénotransplants en utilisant des biotechnologies d’immunologie et de microscopie moléculaire capables de caractériser et localiser précisément les cellules immunitaires dans les greffons, indique le docteur Valentin Goutaudier, néphrologue et co-auteur de l’article. Le caractère novateur de notre approche réside dans son caractère multimodal, c’est-à-dire combinant une analyse conjointe de données complexes – histologiques, immunologiques et transcriptomiques – avec des logiciels de bio-ingénierie, pathologie digitale et bio-informatique. »

Les résultats observés ont rapidement été sans appel, explique l’Inserm : les patients présentaient des signes précoces d’une forme particulière de rejet, dite “médiée par les anticorps”, quasi invisibles avec les technologies de microscopie standard. « Les chercheurs ont également observé des cellules inflammatoires dans les xénotransplants. »

Ces découvertes, identifiées comme majeures par le National Institutes of Health qui conçoit actuellement les futurs essais cliniques, hissent ainsi la France à la pointe de la xénotransplantation. Ces résultats ont notamment contribué au très récent succès d’une greffe de rein de porc génétiquement modifié chez un receveur humain jusqu’à 32 jours après la reperfusion de l’organe.

Antonin Tabard