Don d’organes : “C’est important d’en parler !”

Si 80 % des Français seraient aujourd’hui favorables au don d’organes, il n’en reste pas moins 37 % d’opposition. Non, il ne s’agit pas là d’une grossière erreur de calcul, mais bien de la réalité. Un triste constat que font au quotidien les équipes de la coordination hospitalière de prélèvement du CHU Dijon Bourgogne : « Quand on rencontre une famille endeuillée et que, dans l’urgence, on leur demande sur leur proche s’était opposé au don de ses organes, la plupart du temps on nous répond : On ne sait pas puisqu’on en n’a jamais parlé », raconte Sophie Marion, infirmière coordinatrice des prélèvements d’organes au sein de l’établissement de santé dijonnais.

Pour prolonger le don d’organes, des systèmes ont été développés pour perfuser les organes en attente de transplantation. (Crédit : ON HEALTH)

Pourtant, aux yeux de la loi, toute personne majeure est donneur présumé du moment qu’elle ne s’y est jamais opposée. Le cas échéant, le plus simple pour les proches et les professionnels de santé reste encore de faire part de son refus officiellement en s’inscrivant sur le registre national des refus de l’Agence de la biomédecine. « Peu importe que l’on soit pour ou contre, le plus important, c’est de le dire à ses proches, souligne Sophie Marion. On a, en France chaque année, 25.000 personnes en attente d’un organe. Sur ces 25.000, seules quelque 5.000 seront greffées, et en 2023, près de 1.000 personnes sont décédées, faute de greffon disponible dans les temps. »

Des innovations pour prolonger le don d’organes ?

« Le problème, c’est l’inadéquation entre le nombre de receveurs et le nombre de donneurs. Pour la transplantation cardiaque, par exemple, on estime qu’il y a plus de 2,3 receveurs par don d’organes », reconnaît le professeur Olivier Bouchot, chef du service de chirurgie cardiaque, thoracique et vasculaire du CHU Dijon Bourgogne. Face à ce constat, une question : ne pourrions-nous pas repousser un peu plus loin les prélèvements d’organes, chez les personnes qui sont dans des âges un petit peu plus limite ? Le plus gros risque serait d’entraîner des défaillances d’organes après la transplantation. « Pour pallier à ce type de problème on a développé et on utilise de plus en plus des systèmes pour mettre les organes sous perfusion, le temps du prélèvement et jusqu’à la transplantation. Ces machines permettent ainsi de perfuser les organes et de les maintenir en forme le temps de l’attente de leur répartition et jusqu’à la transplantation », explique-t-il.

« Différents systèmes sont aujourd’hui développés, mais les plus utilisés sont pour les reins, le foie et les poumons, complète le professeur Olivier Bouchot. S’ils sont très onéreux et pas pris en charge, l’avantage de ces dispositifs, c’est qu’ils nous permettent d’avoir des organes peut-être un peu plus âgés et un petit peu plus proche de la limite, tout en nous donnant le temps de pouvoir les évaluer avant de les greffer, mais aussi d’avoir plus de temps pour les apporter et ainsi améliorer les résultats de la transplantation. »

Antonin Tabard