Droits des femmes : quelle place dans les professions de santé ?

« Les femmes représentent une grande partie des professionnels de santé mais restent sous-représentées dans les hautes fonctions hiérarchiques des établissements, institutions et entreprises de santé. » C’est le constat qu’a réalisé le collectif Femmes de Santé à l’occasion de sa première édition des États généraux sur la place de la femme dans le secteur professionnel de la santé.

Dans le détail et d’après l’Ordre national des médecins, il y aurait aujourd’hui autant de femmes que d’hommes à exercer la médecine. Toutefois, elles restent encore peu représentées dans les hautes fonctions hiérarchiques à l’hôpital. Une enquête interne menée par Anne Rubinstein en 2020 à l’AP-HP montrait par exemple que s’il y avait presque six femmes médecins pour quatre hommes, elles n’étaient que 30% à la Commission médicale d’établissement et moins de deux femmes occupaient un poste de PU-PH contre huit hommes. Enfin, d’après les chiffres de l’Insee, en 2015, une femme médecin généraliste gagnait en moyenne à peine plus de 60% du salaire d’un homme exerçant la même profession et une femme médecin spécialistes gagnait moins de 60% du salaire d’un homme pour le même travail.

La dermatologie, une spécialité qui attire plus de femmes ?

Si ces chiffres pourraient être discutés et à remettre dans leur contexte, notamment en les comparant au nombre de candidats (pour les postes de hautes fonctions hiérarchiques), il n’en est pas moins que la tendance tendrait à s’inverser. C’est en tout cas ce que ressent le docteur Géraldine Jeudy, dermatologue et cheffe du service de dermatologie au CHU de Dijon : « Le métier se féminise de plus en plus, et les femmes commencent à occuper des postes à responsabilité, comme des postes de chercheurs ou de professeurs des universités. »

La recherche s’intéresse enfin à la santé des femmes

Dans la recherche, Margot Wenzel, docteur en chimie inorganique et chargée de missions au sein de la Direction de la recherche clinique et de l’innovation au CHU Dijon Bourgogne, observe une bonne parité entre les femmes et les hommes dans les CHU français, tout en soulignant que « c’est loin d’être le cas dans d’autres centres de recherche, y compris dans les entreprises privées ».

Si la santé des femmes a été longtemps reléguée au second plan – La réalisation des essais cliniques sur des sujets des deux sexes n’est obligatoire que depuis 15 ans en Europe -, Margot Wenzel reconnaît que des initiatives voient le jour sur la place de la santé des femmes dans les priorités de recherche.

Et dans la santé animale ?

Du côté de la santé animale, le docteur Sophie Cognard, vétérinaire spécialisée en ophtalmologie et associée au sein de la Clinique vétérinaire des Ducs de Bourgogne, estime que la place des femmes dans le monde vétérinaire a beaucoup évolué en une génération : « En médecine vétérinaire classique, on a aujourd’hui une place absolument équitable. Ce qui est encore un peu moins le cas dans la pratique en milieu rural, du fait de la pratique un peu plus physique lorsqu’on traite des vaches et des chevaux. »

Pour cette vétérinaire qui occupe aujourd’hui une haute fonction hiérarchique au sein de l’établissement qui emploie une trentaine de vétérinaires et autant d’assistants sur plus de 70 collaborateurs au total, « la place de la femme s’est démocratisée dans notre métier et qu’on soit un homme ou une femme, l’accueil est toujours extra de la part des propriétaires d’animaux et des éleveurs ».

Antonin Tabard