Maladies cardiaques pédiatriques : la piste du collagène humain

Des chercheurs de l’Inserm ont mis au point, au sein du laboratoire de bioingénierie tissulaire de l’université de Bordeaux, une valve pulmonaire à base de collagène humain. Un dispositif qui permettrait d’ouvrir de nouvelles pistes thérapeutiques dans le traitement des maladies cardiaques pédiatriques, comme la tétralogie de Fallot. Dans une étude publiée le 10 juillet dans la revue Science Translational Medicine, l’équipe menée par Fabien Kawecki a ainsi testé son dispositif dans un modèle de cœur bio-artificiel développé au MIT, ainsi que sur un modèle animal.

Après sept jours d’implantation, la valve pulmonaire reconstruite avec du collagène humain se ferme parfaitement. Une innovation dans le traitement des maladies cardiaques pédiatriques. (Crédit : Fabien Kawecki / Inserm)

 « Grâce à nos deux modèles, nous avons obtenu une preuve de concept que la valve que nous avons conçue est fonctionnelle et peut facilement être implantée en suivant les mêmes modalités chirurgicales que chez l’humain, ce qui est prometteur si nous voulons passer aux études cliniques d’ici quelques années. L’implantation de notre valve a permis de rétablir le sens de circulation du sang à travers la voie pulmonaire sans générer de fuite valvulaire. Nous avons aussi observé qu’après seulement sept jours d’implantation, il y avait une bonne intégration de la valve avec le tissu natif de l’animal. De plus, nous avons vu sur notre valve la présence de cellules musculaires lisses qui joueront un rôle important dans son remodelage et sa croissance », explique Fabien Kawecki.

Une valve à partir de cellules humaines contre les maladies cardiaques pédiatriques

Parmi les maladies cardiaques pédiatriques, la tétralogie de Fallot est une malformation cardiaque congénitale qui concerne une naissance sur 4.000 et se caractérise notamment par une sténose pulmonaire, un rétrécissement de la voie de sortie du sang depuis le ventricule droit du cœur vers l’artère pulmonaire qui empêche l’écoulement normal du sang vers les poumons et conduit à une diminution du taux d’oxygène dans le sang. Jusqu’alors, le traitement chirurgical consistait à remplacer la valve pulmonaire par des membranes synthétiques en TéflonTM ou encore grâce à des feuillets biologiques faits à partir de tissu animal. Si ces deux solutions présentent des inconvénients majeurs, Fabien Fawecki a fait appel au laboratoire bioingénierie tissulaire, à Bordeaux, pour développer des valves biologiques à partir de collagène humain.

Prochaine étape ? Implanter la valve sur des temps plus longs, 16 semaines, puis un an, toujours dans les modèles animaux, pour s’assurer qu’elle est bien fonctionnelle à long terme et qu’elle accompagne la croissance de l’animal au cours du temps. À plus long terme encore, si les résultats sont concluants, des essais cliniques pourraient être envisagés. En attendant, l’équipe du chercheurs Fabien Kawecki a d’ores et déjà déposé un brevet pour l’utilisation du biomatériau conçu dans le laboratoire en tant que valve pulmonaire et espère à l’avenir tester son utilité dans différentes maladies cardiovasculaires chez l’adulte et chez l’enfant.

Antonin Tabard