Un traitement de Parkinson efficace contre la DMLA ?

Améliorer l’offre thérapeutique pour les patients est un enjeu de taille pour la recherche. Une équipe de chercheurs de l’Inserm, du CNRS et de Sorbonne Université à l’Institut de la vision à Paris, vient de décrire l’efficacité des médicaments dopaminergiques, habituellement utilisés contre la maladie de Parkinson, pour ralentir la progression de l’une des formes de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), la forme néovasculaire ou « humide » caractérisée par la prolifération de vaisseaux sanguins dysfonctionnels sous la rétine. Ces résultats viennent d’être publiés dans la revue The Journal of Clinical Investigation.

Première cause de handicap visuel chez les personnes de plus de 50 ans, la DMLA pourrait voir sa progression ralentie par certains traitements dopaminergiques utilisés contre la maladie de Parkinson. (Crédit : Michele Bergami / Unsplash)

« Ces résultats ouvrent des perspectives inédites pour les patients atteints de DMLA dans sa forme humide. Nous avons maintenant une piste sérieuse pour retarder l’évolution de cette maladie et réduire le fardeau des traitements actuels », explique Florian Sennlaub, directeur de recherche Inserm à l’Institut de la vision.

Vers de nouvelles alternatives thérapeutiques pour les patients souffrant d’une DMLA

Si la DMLA est la première cause de handicap visuel chez les personnes de plus de 50 ans, son traitement est encore contraignant, sinon inexistant pour la forme atrophique. La forme néovasculaire peut, quant à elle, être ralentie par des injections régulières administrées directement dans l’œil du patient. Alors que des études épidémiologiques avaient déjà mis en évidence une association possible entre la maladie de Parkinson et un risque réduit de DMLA néovasculaire, cette nouvelle étude a exploré les mécanismes sous-jacents qui expliqueraient cette protection potentielle.

« Ces résultats suggèrent que les médicaments dopaminergiques, au-delà de leur rôle dans la maladie de Parkinson, pourraient avoir un effet bénéfique dans la prévention et le traitement de la DMLA néovasculaire », confirme le professeur Thibaud Mathis, praticien dans le service d’ophtalmologie de l’hôpital de la Croix-Rousse – Hospices civils de Lyon, et chercheur à l’Université Lyon 1, ainsi qu’au sein de l’Institut de la vision. En effet, après avoir démontré dans des modèles cellulaires et animaux que la L-Dopa activait un récepteur spécifique dans le cerveau, DRD2, capable de bloquer la formation de nouveaux vaisseaux sanguins dans l’œil, l’équipe a analysé les données de santé de plus de 200.000 patients atteints de DMLA néovasculaire en France. Résultat ? Les patients traités avec ces médicaments pour leur maladie de Parkinson déclaraient la maladie à 83 ans, au lieu de 79 ans pour les autres patients.

Antonin Tabard