Télé-dermatologie : Chalon-sur-Saône à l’origine de la filière régionale

L’Agence régionale de santé et la région Bourgogne-Franche-Comté ont rencontré l’équipe médicale du centre de ressources en télé-dermatologie du centre hospitalier William-Morey, à Chalon-sur-Saône, ce jeudi 5 septembre. L’occasion de faire connaître un modèle innovant d’organisation de la santé et de prise en charge, qui facilite et améliore l’accès aux soins des patients. Un modèle innovant qui est né en Saône-et-Loire en 2004, à l’initiative du docteur Jean Friedel, aujourd’hui à la retraite mais toujours très actif dans le projet. « La télé-dermatologie, c’est aujourd’hui, plus de 5.000 actes à l’année, soit sept fois plus qu’il y a dix ans. Une croissance qui nous a permis d’ouvrir un poste supplémentaire de dermatologue, avec l’accord de l’ARS », témoigne Philippe Collange-Campagna, directeur général du centre hospitalier de Chalon-sur-Saône.

Grâce à la télé-dermatologie, tout médecin généraliste peut s’équiper d’un dermatoscope portable à fixer sur son smartphone pour prendre les photos nécessaires à envoyer ensuite avec le dossier à un dermatologue via l’interface de télémédecine régionale Telmi. (Crédit : ON HEALTH)

« Aujourd’hui, la Bourgogne-Franche-Comté compte cinq centres de ressources en télé-dermatologie – le CH de Chalon-sur-Saône, le groupement hospitalier de la Haute-Saône, les CHU de Dijon et de Besançon, et l’hôpital Nord Franche-Comté – et quelques 280 sites en lien avec ces centres, détaille Cédric Duboudin, directeur de l’innovation et de la stratégie à l’ARS. Avec une augmentation de 40% du nombre d’actes de télé-dermatologie sur un an, ce modèle innovant apporte une véritable réponse à une spécialité qui manque de praticiens. Il n’y a aujourd’hui plus de dermatologue dans la Nièvre et dans l’Yonne et pas plus d’une dizaine en Saône-et-Loire. » Une étude menée par l’Agence régionale de santé en 2019 mettait même en avant le fait que 25 % des patients renonçaient aux soins.

Télé-dermatologie, un exemple concret de télémédecine

Cette démarche innovante repose sur des professionnels de santé engagés : « Nous répondons à une centaine de demandes de télé-expertise par semaine, en plus de notre travail quotidien », témoigne le docteur Elisa Goujon, dermatologue au CH de Chalon-sur-Saône. En effet, grâce à un équipement financé par la région et l’ARS, un médecin généraliste peut répondre aux questions de son patient en remplissant un formulaire et en envoyant des photographies prises avec son smartphone et, au besoin, avec un dermatoscope portable fixé à l’objectif de ce dernier, via la plateforme régionale de télémedecine Telmi, opérée par le GRADeS e-santé Bourgogne-Franche-Comté.

Au total, quatre millions d’euros ont déjà été investis par la région et 1,5 million d’euros par l’ARS. « Pour paraphraser un célèbre club de foot du sud de la France, Chalon-sur-Saône sera le premier à jamais, en ayant été le premier à croire à quelque chose qui, à l’époque, n’était pas une évidence. La télémédecine, il y a encore dix ans était vue comme de la science fiction », rappelle Jean-Jacques Coiplet, directeur général de l’Agence régionale de santé de Bourgogne-Franche-Comté.

Antonin Tabard