Cancer de la prostate : Un double traitement prouve son efficacité

Dans une récente étude, le centre de lutte contre le cancer Gustave Roussy a démontré l’efficacité d’un double traitement dans la prise en charge des patients atteints d’un cancer de la prostate. Les résultats publiés dans The Lancet montrent une efficacité particulière chez les patients présentant des altérations du gène BRCA2, un sous type agressif pour lequel l’espérance de vie moyenne était jusqu’alors d’environ deux ans.

Le Professeur Karim Fizazi, Professeur à l’Université Paris-Saclay et responsable du comité de cancérologie génito-urinaire à Gustave Roussy, est à l'origine de cette étude sur l'association de deux traitements contre le cancer de la prostate.
Le Professeur Karim Fizazi, Professeur à l’Université Paris-Saclay et responsable du comité de cancérologie génito-urinaire à Gustave Roussy, est à l’origine de cette étude sur l’association de deux traitements contre le cancer de la prostate. (Crédit : Gustave Roussy)

« Ces résultats montrent que chez les patients atteints d’un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration et d’altérations du gène BRCA2, l’association talazoparib/enzalutamide peut doubler l’espérance de vie — un résultat remarquable. TALAPRO-2 démontre également que cette association réduit le risque de détérioration de la qualité de vie ou d’apparition de symptômes associés à la progression du cancer », explique le Professeur Karim Fizazi, professeur à l’Université Paris-Saclay et responsable du comité de cancérologie génito-urinaire de Gustave Roussy.

Deux publications pour un double traitement contre le cancer de la prostate

Dans un premier article publié dans The Lancet, les résultats de l’essai clinique international de phase III, randomisé, en double aveugle, TALAPRO-2, portaient sur 805 patients atteints d’un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration. Le second article toujours publié dans The Lancet revient quant à lui plus spécifiquement sur 399 patients présentant des anomalies des gènes de réparation de l’ADN. Tous avaient été recrutés dans 200 centres en Amérique du Nord, eu Europe et en Asie-Pacifique. Objectif ? Évaluer l’efficacité d’une association thérapeutique innovante : le talazoparib, un inhibiteur de PARP, et l’enzalutamide, une hormonothérapie de deuxième génération.

Dans la cohorte de 399 patients, après quatre ans de suivi, la médiane de survie globale n’avait pas encore été atteinte pour les patients recevant les deux médicaments, plus de la moitié d’entre eux étant encore en vie au moment de l’analyse. En revanche, les patients recevant une hormonothérapie seule avaient une médiane de survie globale de 28,5 mois. Enfin, dans la cohorte globale incluant tous les patients – qu’ils aient ou non des altérations des gènes de réparation de l’ADN – la survie globale médiane est passée de 37 mois (avec l’enzalutamide seul) à 45,8 mois (avec l’association talazoparib/enzalutamide).

« Les résultats mis à jour de TALAPRO-2 soulignent l’importance des tests moléculaires chez les patients atteints d’un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration — en particulier pour déterminer la présence d’altérations du gène BRCA2. Si une telle altération est identifiée, les patients peuvent être orientés vers une thérapie combinée avec un inhibiteur de PARP et une hormonothérapie de deuxième génération, qui deviendra probablement la nouvelle norme de soins pour ce sous-groupe », déclare le Professeur Karim Fizazi.

Antonin Tabard