Un nouveau traitement préventif contre les infections nosocomiales

Alors que 5 % des patients hospitalisés développent de possibles infections nosocomiales malgré les précautions mises en œuvre par les professionnels de santé, ce taux grimpe à 20 % pour les patients en réanimation. En effet, sous ventilation mécanique, les pneumonies nosocomiales représentent l’infection nosocomiale la plus fréquente. Elles prolongent la durée passée sous respiration artificielle, augmentent le temps de séjour à l’hôpital, retardent la guérison et engendrent des coûts d’hospitalisation très élevés, sans même parlé du fait qu’elles peuvent être fatale – jusqu’à 13 % de taux de mortalité.

Les pneumonies nosocomiales acquises sous ventilation mécanique représentent l’infection nosocomiale la plus fréquente. (Crédit : Pixabay)

Fruits de huit années de travail mené auprès de 850 patients sous respiration artificielle dans 19 services de réanimation, les résultats de l’étude française Amikinhal coordonnée par le réseau d’excellence “Crics Triggersep” labellisé F-Crin, viennent d’être publiés dans The New England Journal of Medicine. L’étude démontre l’efficacité de l’administration d’un nouveau traitement antibiotique pour prévenir les pneumonies nosocomiales des patients incubés sous respiration artificielle en service de réanimation.

L’amikacine, un nouveau traitement pour prévenir les infections nosocomiales pulmonaires en réanimation

L’objectif de l’étude Amikinhal, coordonnée par le Professeur Stephan Ehrmann, professeur des universités – praticien hospitalier du service de médecine intensive réanimation au CHRU de Tours, était de prouver qu’un traitement antibiotique préventif, administré par voie inhalée, réduisait la survenue de ces pneumonies acquises sous ventilation mécanique. Une étude en double aveugle qui observait, au troisième jour d’intubation et durant trois jours consécutifs, l’efficacité de l’amikacine administrée par voie inhalée. Après trois jours de traitement, les patients ayant reçu l’antibiotique présentaient moins de pneumonies – seuls 15 % des patients en ont développé contre 22 % avec le placebo – et pas d’effets secondaires par rapport aux autres patients. Au total, moins de 2 % des patients ont souffert d’un effet indésirable lié à l’étude. Enfin, l’inhalation d’amikacine a aussi permis de réduire la survenue d’évènements associés à la ventilation.

« Grâce à ces résultats très positifs, nous allons pouvoir améliorer la prise en charge de nombreux patients en réanimation partout dans le monde, commente le Professeur Stephan Ehrmann. Développer une pneumonie nosocomiale retarde l’exhumation d’un patient et prolonge la durée de son séjour à l’hôpital. L’amikacine inhalée en prévention va nous permettre de réduire ce risque qui peut parfois être fatal. »

Antonin Tabard