Mieux dormir pour mieux soigner : une priorité de santé publique

Le gouvernement vient de dévoiler une feuille de route interministérielle pour 2025-2026, plaçant le sommeil au cœur des politiques de santé publique. Cette initiative, inédite par son ampleur, ambitionne de lutter contre les troubles du sommeil, véritables fléaux sanitaires aux répercussions multiples : santé mentale, maladies chroniques, accidents de la route… Alors que près d’un Français sur deux déclare souffrir d’un trouble du sommeil, chez les jeunes, les chiffres sont alarmants : 70 % des adolescents dorment moins que les recommandations.

Le gouvernement vient de dévoiler une feuille de route interministérielle plaçant le sommeil au cœur des politiques de santé publique.
Le gouvernement vient de dévoiler une feuille de route interministérielle plaçant le sommeil au cœur des politiques de santé publique. (Crédit : Illustration Unsplash/Vitaly Gariev)

Face à ce constat, les pouvoirs publics adoptent une approche innovante et globale, avec des mesures concrètes comme l’intégration de repères sommeil dans le carnet de santé et le développement d’applications numériques comme Jardin Mental, ou encore la mise en œuvre d’aménagements urbains favorables à la qualité du repos, mais aussi la création d’espaces labellisés “QUIET”. « Le sommeil n’est plus une affaire de spécialistes : il devient un pilier de notre politique de prévention », souligne la Direction générale de la santé.

Des outils numériques pour un meilleur suivi du sommeil

Parmi les leviers mobilisés, la technologie, avec une application : Jardin Mental. Développée avec des patients et des professionnels de santé, cette dernière permet un suivi personnalisé du sommeil, de l’humeur ou encore des traitements. Cette solution gratuite, accessible à tous, incarne l’innovation au service du repérage précoce des troubles, avec un potentiel de réduction de la surmédicalisation.

Pour renforcer l’impact de cette stratégie, la feuille de route prévoit également des campagnes ciblées sur le bon usage des médicaments comme les benzodiazépines, souvent prescrits en première intention, mais dont les effets indésirables peuvent être délétères à long terme.

Une politique transversale, dès le plus jeune âge

L’originalité du plan réside aussi dans son caractère transversal : santé, éducation, culture, environnement, travail… tous les ministères sont mobilisés. Le rituel du coucher est ainsi promu à travers des actions culturelles, tandis que les espaces numériques de travail devront intégrer des plages de déconnexion pour les élèves.

« Le sommeil est un apprentissage, il doit s’enseigner dès l’enfance », affirme le ministère de la Culture.

Au-delà de la prévention, cette feuille de route marque une évolution culturelle : reconnaître le sommeil comme un déterminant de santé à part entière. Le modèle français s’oriente ainsi vers une médecine plus préventive, plus personnalisée, et fondée sur des données. Une avancée majeure, à l’intersection de l’innovation technologique, de la santé publique et de la qualité de vie.

Antonin Tabard