Épilepsie : vers une meilleure prédiction des crises ?

Dans une nouvelle étude menée par l’Inserm, le CNRS et l’Université Côte d’Azur au sein de l’Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire à Sophia Antipolis, des scientifiques ont réussi à identifier dans des modèles animaux une “signature cérébrale” annonciatrice d’une crise d’épilepsie. Grâce à cette découverte, ces dernier ont ainsi pu mettre au point un outil de prédiction des crises convulsives qui pourrait avoir une réelle utilité clinique à l’avenir pour les patients atteints du syndrome de Dravet, une forme d’épilepsie sévère. Les résultats ont été publiés, il y a quelques jours, dans la revue américaine PNAS.

Des chercheurs de l’Inserm, du CNRS et de l’Université Côte d’Azur se sont intéressés à l’activité des neurones GABAergiques lors de la survenue des crises d’épilepsie. (Crédit : Inserm)

« Aujourd’hui, il n’existe pas de méthode efficace pour prédire les crises d’épilepsie, remarque Massimo Mantegazza, chercheur à l’Inserm. Nos travaux sont un premier pas dans la bonne direction et pourraient avoir un réel impact clinique pour les patients atteints du syndrome de Dravet, qui est une forme d’épilepsie génétique avec une cause bien déterminée et un phénotype clair. Prédire la survenue des crises constituerait en effet un progrès, car si l’on sait quand une crise va se déclencher, on pourrait essayer de la “bloquer” en mettant au point des thérapies pertinentes, ou du moins d’affiner la prise en charge des patients. »

L’activité des neurones GABAergiques particulière pendant une crise d’épilepsie ?

L’équipe de recherche menée par Massimo Mantegazza s’est en effet plus particulièrement intéressée au syndrome de Dravet, une forme d’épilepsie sévère qui débute au cours de la première année de vie et persiste à l’âge adulte. Si cette maladie se caractérise par des crises convulsive récurrentes ainsi que par des troubles cognitifs et comportementaux, les crises sont actuellement imprévisibles et ont un impact important sur la qualité de vie des patients et celles de leurs familles.

« Avec cette nouvelle étude, l’équipe avait pour objectif de mieux comprendre les mécanismes de génération des crises dans le syndrome de Dravet, en enregistrant l’activité de neurones individuels, avant et pendant les crises, dans le cerveau de modèles murins présentant la même mutation génétique que celle décrite chez les jeunes patients atteints de la maladie », décrit l’Inserm. Les scientifiques se sont intéressés en particulier à l’activité de neurones dits “GABAergiques”, dont l’activité est connue pour être réduite chez les patients souffrant du syndrome de Dravet.

Sur les enregistrements, ils ont observé que juste avant le début d’une crise, dans les secondes qui la précèdent, l’activité des neurones GABAergiques devient irrégulière : « Ce résultat est surprenant quand on sait que l’activité des neurones GABAergiques est plutôt diminuée chez les patients. Nous montrons qu’au moment où la crise se déclenche, c’est justement le contraire », souligne le responsable de l’étude. À partir des données récoltées, l’équipe a pu mettre au point un algorithme de prédiction des crises. En le testant, les scientifiques ont montré que cet outil était capable de prédire le déclenchement des crises chez la souris dans 70 % des cas.

Antonin Tabard