Le CEA dévoile les premières images de l’IRM le plus puissant au monde

« C’est incroyable. On vit un moment historique. C’est une première mondiale technologique et scientifique. C’est l’aboutissement de 25 ans de recherche, de développement technologique et de collaboration public-privé », a déclaré Sylvie Retailleau. La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche n’a pas tari d’éloges sur le CEA après avoir visionné les premières images du cerveau humain obtenues par l’IRM Iseult. Et pour cause, cet appareil est considéré comme le plus puissant au monde jamais conçu.

Grâce à Iseult, l’appareil IRM le plus puissant au monde, le CEA a dévoilé des images inédites du cerveau humain. (Crédit : Y. Audic/CEA)

« 11,7 teslas … 230.000 fois le champ magnétique terrestre … Le précédent record était détenu par les Américains avec une machine à 10,5 teslas. À titre comparatif, on compte seulement une centaine d’IRM sept teslas dans le monde et les IRM utilisées dans le milieu hospitalier sont actuellement dotés de champ magnétique compris entre 1,5 et trois teslas », explique Nicolas Boulant, responsable du projet Iseult et directeur de recherche au sein du Commissariat à l’énergie atomique.

Alzheimer, Parkinson, troubles psychiatriques… De nouvelles perspectives grâce aux travaux du CEA

« C’est une grande fierté de voir se concrétiser un projet de R&D de presque 20 ans, souligne Anne-Isabelle Etienvre, directrice de la recherche fondamentale au CEA. La force du CEA a été de réunir en un lieu unique des compétences pluridisciplinaires pour définir ce projet, et mobiliser le savoir-faire technologique dans les aimants supraconducteurs, développé pour d’autres disciplines du CEA. » Neuroscientifiques, physiciens, mathématiciens et médecins, mais aussi industriels… Au total, plus de 200 personnes ont travaillé à développer les outils et les modèles qui permettront de mieux comprendre le fonctionnement du cerveau normal et pathologique, tout en repoussant les limites de son exploration. Parmi les partenaires, Alstom – aujourd’hui devenu GE – pour la fabrication de l’aimant, Siemens Healthineers pour l’installation des composants complémentaires du système d’IRM, Guerbet qui a utilisé la plateforme d’IRM à très haut champ du CEA pour évaluer et sélectionner des molécules à fort potentiel d’application chez l’homme, ou encore l’université de Freiburg pour le développement de nouvelles technologies et méthodes pour l’IRM à ultra haut champ.

Ces trois images représentent une coupe axiale de cerveau humain, à même résolution (200 µm dans le plan, 1 mm d’épaisseur), à temps d’acquisition identique (environ quatre minutes) mais avec une intensité différente de champ magnétique. (Crédit : CEA)

Si, pour le moment, 20 volontaires sains ont participé à l’expérience, l’objectif est de déposer un nouveau dossier à l’ANSM pour pouvoir passer à une plus grande échelle puis, dans un second temps, élargir à des volontaires malades. « À l’horizon 2026-2030, nous chercherons à explorer certaines pathologies neurodégénératives, mais aussi des maladies qui relèvent davantage de la psychiatrie, comme la schizophrénie ou les troubles bipolaires », détaille Nicolas Boulant. En effet, les informations anatomiques ultra-fines participeront à établir un meilleur diagnostic et une meilleure prise en charge de certaines maladies comme Alzheimer ou encore Parkinson, mais l’IRM permettra aussi de détecter plus facilement certains signaux faibles, comme celui du lithium ou encore de petites molécules activement impliquées dans le métabolisme cérébral comme le glucose et le glutamate.

Antonin Tabard