Véronique Barrillot, l’artiste vue par la science

Après des débuts dans les fresques murales, Véronique Barrillot s’est mise à peindre sur deux dimensions en même temps, d’un seul et même coup de pinceau, des peintures qui n’existent finalement que dans l’œil et le mouvement du spectateur. Un art et des œuvres qui interrogent, et ce ne sont pas les passants de la rue Charrue qui diront le contraire. De quoi attirer l’œil de scientifiques, à l’image du docteur Olivier Rouaud, neurologue au CHUV de Lausanne, qui a tenté d’en savoir plus et d’en comprendre le mécanisme.

L’artiste peintre dijonnaise, Véronique Barrillot, réalise des œuvres uniques qui ne se perçoivent pas de la même manière selon qu’on les regarde de près ou de loin. (Crédit : ON HEALTH)

« Ce qui m’intéresse, en tant que spécialiste de neuropsychologie du comportement, c’est à la fois l’impact que ces œuvres peuvent avoir sur l’observateur ou le spectateur, mais aussi l’aptitude de l’artiste à pouvoir réaliser de telles peintures de manière synchrone, synergique », confie le praticien.

Véronique Barrillot applique la physique quantique à l’art

« J’avais très envie d’arrêter les spectateurs, de les interpeller, de les faire se questionner, qu’ils prennent du recul. Mon travail a donné lieu, aujourd’hui, à un travail qui est quantique : la possibilité d’avoir deux états en même temps, qui ne sont pas au même endroit », explique l’artiste à l’origine du concept de double visions. Pour tenter de trouver une explication, sinon de mieux comprendre ce qu’il se passe dans le cerveau de Véronique Barrillot lorsqu’elle ajoute sur la toile avec un seul et même coup de pinceau un point qui n’aura pas la valeur qu’on le regarde de près ou de loin, Olivier Rouaud, avec la complicité du professeur Bogdan Draganski, spécialiste en imagerie fonctionnelle, a invité l’artiste dijonnaise à venir réaliser une IRM dans l’établissement de santé suisse, en 2019.

« L’idée était de voir si, au sein de son cortex occipital, les régions postérieures qui sont les zones de la représentation visuelle et qui permettent d’intervenir dans la virtuosité, il existait une connectivité. Et en lui faisant faire des tâches expérimentales de stimulations visuelles dans le champ visuel central, et le champ visuel périphérique, nous avons évalué, chez Véronique Barrillot, une hyper connectivité postérieure dans les régions occipitale et pariétale. Ce qui, chez un artiste, est un reflet de la virtuosité », détaille le docteur Olivier Rouaud qui s’intéresse maintenant aux effets de ces œuvres sur certains publics.

Antonin Tabard

Pour en savoir plus, découvrir ses œuvres et visiter son atelier, une seule adresse : 15 rue Charrue, 21000 Dijon.